Hypersensibilité parentale : comment aider son enfant à parler | La Ligne Sensible
- Laure Casada
- il y a 23 heures
- 3 min de lecture

Fin 2024, la Fondation FondaMental a publié des chiffres qui serrent la gorge :chez les 18–24 ans, près de 30 % déclarent des symptômes dépressifs modérés à sévères, plus de 35 % des symptômes d’anxiété. En Île-de-France, c’est encore pire :50 % des jeunes ont traversé un épisode dépressif, 40 % ont été rongés par l’anxiété, et 32 % ont eu des pensées suicidaires dans l’année.
Derrière ces pourcentages, il y a nos enfants. Les vôtres, les miens.
Ma fille de 13 ans, mon fils de 15 ans.
J’ai grandi dans la violence psychique. J’ai appris trop tôt à lire les tremblements dans une voix, les silences qui hurlent, les regards qui fuient. L’hypersensibilité m’a longtemps tenue comme un fil électrique à vif.
Et puis un jour, j’ai compris que ce qui m’avait abîmée pouvait devenir mon arme la plus précieuse avec mes enfants.
Ce que l’hypersensibilité change dans la relation parent-enfant
Chez nous, on ne dit pas “ça va ?” pour la forme. On lit entre les lignes.
Quand ma fille rentre du collège et claque la porte un peu trop fort, je sens immédiatement la boule dans sa gorge avant même qu’elle parle. Je ne lui demande pas “qu’est-ce qui ne va pas ?” — ça la mettrait sur la défensive.
Je lui dis simplement :« Il y a un petit truc qui cloche, non ? »
Et elle s’effondre. Parce qu’elle se sent vue. Pas jugée, pas forcée : vue.
Mon fils, lui, est plus dans le retrait. À 15 ans, il peut passer une soirée entière dans un silence presque monacal. Les autres diraient « c’est l’âge ».
Moi, je sais que quand il évite mon regard plus de trois secondes, quelque chose le ronge. L’hypersensibilité me permet de capter le micro-tremblement de sa lèvre, la façon dont ses doigts serrent un peu trop fort sa manette. Alors je lui demande :« Tu veux que je reste à côté de toi sans rien dire, ou tu veux qu’on parle ? »Neuf fois sur dix, il choisit la deuxième option. Parce qu’il sait que je ne vais ni minimiser, ni dramatiser.
C’est ça, le super-pouvoir.
Lire les signaux invisibles : une force que les enfants ressentent
Transformer la douleur passée en antenne ultra-sensible. Là où d’autres entendent “ça va”, nous entendons le tremblement derrière le “oui”. Là où d’autres voient un ado “normal”, nous percevons la tempête intérieure avant qu’elle devienne ouragan.
Évidemment, rien n’est parfait. Il m’arrive de me tromper, de projeter mes peurs, de surinterpréter un soupir. Parfois, j’aimerais juste avoir une soirée sans décoder personne. Mais la plupart du temps, ça marche. Mes enfants parlent. Vraiment.
Ils savent que leurs émotions ne seront ni niées ni ridiculisées.
Et alors, dans ces moments-là, je sens la colère ancienne — celle qui m’a grandie trop vite — se transformer en quelque chose de doux, de brûlant et d’apaisant à la fois.
La plus belle revanche d’un hypersensible élevé dans la violence psychique, c’est de regarder ses enfants rire à table, libres, bruyants, vivants, et de se dire :
la malédiction s’arrête ici. Ce qui m’a abîmée sert aujourd’hui à protéger.
Mes enfants savent qu’ils sont vus. Vraiment vus.
🟤 Et vous ? Qu’est-ce que vous ressentez avant que votre enfant parle ?
Votre sensibilité vous aide, ou vous pèse ?
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